Comprendre par Michel Malgorn (2)
La lecture : on se plaint souvent que les élèves ne comprennent pas ce qu'ils lisent, qu'ils passent à côté des inférences. Que certains élèves, au CM², ont encore de grosses difficultés de déchiffrage.
Je pense là aux ouvrages de Jocelyne Giasson qui m'ont bien aidé. Elle passe en revue toute la panoplie des actions enseignantes à ne pas manquer dans le processus de la lecture.
D'autre part, le travail sur les inférences est très peu réalisé dans les écoles, où les lectures sont beaucoup trop difficiles pour les élèves, qui sont noyés devant un apport beaucoup trop riche, qui ne s'adresse même pas toujours à des enfants.
Je pense aussi à J. Fijalkow qui propose dès le plus jeune âge, un travail sur la littérature jeunesse avec toute une approche sur la typologie des textes mais aussi sur la compréhension. Pour ma part, je me cale aussi aux travaux de Freinet (et de Brigaudiot) et à l'apprentissage de la lecture en parallèle avec celui de l'écriture, lecture qui donc, fait sens d'emblée. Le sujet est vaste, la littérature sur la compréhension en lecture existe, et propose des pistes tout à fait applicables.
Exemple : réaliser par le dessin et les visites répétées, un livre de son quartier.
http://www-brestecoles.enst-bretagne.fr/4moulins/archives/archives98-99/ce1/livre_rando/book1.htm
D'autre part, je trouve que les manuels scolaires sont trop touffus, désordonnés.
Pour amener un élève à comprendre, il faut lui fournir des supports simples et sans surprise, qui ne laissent aucune place à une surcharge cognitive. (Sylvie Cèbe)
De nombreux manuels, par leur présentation serrée, touffue, faussement journalistique, font que les élèves se trouvent, dès l'apprentissage, dans le transfert. On leur demande de gérer des connaissances en cours d'acquisition, en parallèle avec des situations hétéroclites, des graphismes qui imposent une sur-lecture, une interprétation de l'intrigue …
D'autre part, la compréhension suppose que ce qui aura été "com-pris", soit une aide à la mise en forme du monde, un élément de construction des savoirs, des concepts.
Sans cette idée première d'une utilisation ultérieure, d'une utilité réelle, d'un éventuel projet, on est dans l'application pure et simple, donc, dans la non compréhension. On reste dans la préhension, avec un but behavioriste: apprendre pour obtenir de bonnes notes.
Les enseignants de la mouvance Teaching for Understanding se posent comme condition préalable à toute préparation de leçon: "Qu'est-ce que mes élèves pourront réaliser de plus quand l'activité sera terminée ?". C'est alors seulement qu'ils composent leur préparation, avec à l'initiale quelque chose de connu, et en final une compétence nouvelle et transférable.
D'autre part, je reviens sur la simplicité, la limpidité des supports.
C'est la raison pour laquelle j'ai présenté mes fiches type de lecture. Elles recouvrent toutes les fonctions de la lecture répertoriables dans les manuels des éditeurs, mais ne changent jamais de présentation, quel que soit le thème de lecture abordé (documentaire, narratif, compte-rendu …etc.).
1. Nous retenons des tâches stables et répétitives pour favoriser la prise de conscience métacognitive et permettre à l’élève de prendre de plus en plus de contrôle sur son activité et sur son fonctionnement … 2. Tandis que nous optons pour des contenus et du matériel connus et épurés pour éviter que les élèves ne s’égarent dans le traitement de propriétés non pertinentes par rapport à l’objectif, … "Apprends-moi à comprendre tout seul", Sylvie CÈBE
… Nous terminerons en essayant de dégager les principaux contrastes entre les pratiques d’enseignement les plus courantes à l’école maternelle et nos propres options en nous centrant sur cinq dimensions : le choix des tâches, la liaison entre les tâches, la nature du matériel, le rôle du maître et la centration de l’attention des élèves.
Article publié dans la revue “X. Y. ZEP », Bulletin du Centre Alain Savary, juin 2001
CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES SUR LES REP ET LES ZEP
INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE PÉDAGOGIQUE
http://www.inrp.fr/zep/ressours/xyzpdf/xyzep11.pdf
Comprendre, c'est réaliser des relations entre les choses, un peu à la manière d'un schéma heuristique.
Les connaissances ne sont plus "auto contenues", elles trouvent une nouvelle vie en faisant un tout. Comprendre, c'est tisser des relations entre des éléments, c'est aussi, établir des catégories, créer des tiroirs que l'on peut ouvrir à l'envi.
Connaître et comprendre.
Beaucoup de parents d'élèves font l'amalgame entre deux notions:
"As-tu compris ?" est souvent synonyme de "As-tu bien écouté ?" ou "As-tu retenu?".
L'obéissance à la règle sociale de l'école, primant sur le tâtonnement de l'élève, ses expérimentations.
Quand je dis : "Je comprends",
- Je visualise, ou je me raconte,
- Je mets tous les éléments utiles (éléments déjà en ma connaissance, de fraîche ou de longue date), en relation.
Exemple: les fractions.
Je comprends les fractions car :
- J'ai une frise des décimaux qui se balade dans mes neurones, en photo ou en chanson (visuels / auditifs).
- J'ai vécu physiquement les fractions en coupant des tartes, et faisant des équipes en sport, en faisant de la cuisine. (kinesthésique).
De près ou de loin, ces éléments m'aident à comprendre les fractions.
Partager, donner, s’inspirer, donner de l’humanité à la salle de classe, la faire vibrer. "L’enfant sera les liens qu’il tisse", dit A. Jacquard, Maif Info n°134 juillet 2004
On peut s’en apercevoir chez les enfants de classe d'adaptation, qui régulièrement, ne comprennent pas la discipline de la classe, la loi du silence. Ils ont besoin :
- de partager, d’évoquer, de parler avec les autres.
- d'oser dire qu’ils n’ont pas compris, ce qui les stigmatise.
- d'oblitérer la honte.
- d'assurer leur besoin d'avoir plus de temps que la norme de la classe.
Document envoyé par Michel Malgorn, enseignant